La Grande-Bretagne, c’est avant tout le punk et le rock. Mais avec le temps, l’île est aussi devenue une référence pour le reggae grâce, en partie, à Chris Blackwell. Dans les années 1980, le funk y tient une place de plus en plus importante, Loose Ends en tête.
La culture hip-hop occupera également bien le terrain sur la scène musicale mais également dans le domaine du graffiti, en grande partie grâce aux T.C.A. (The Chrome Angelz) et à 3D, entre autres.
Il me semble qua la révolution musicale en Grande-Bretagne a lieu dans les années 1990. Avant cette décennie, les anglais avaient repris à leur compte des courants musicaux venus d’ailleurs. Avec le « Trip-hop« , elle crée son style repris ensuite dans le monde entier. Là, ce sont les Massive Attack les responsables. Le trip-hop et les différentes tendances des cultures électroniques vont profondément marquer la Grande-Bretagne. Bien sûr, l’épicentre est à Bristol mais les ramifications sur le territoire anglais sont nombreuses.
Ce que Robert Del Naja, Tricky, Craig Armstrong, Nelle Hooper, Neneh Cherry et Soul II Soul ont mis en place est tout simplement incroyable. La façon dont des artistes comme Morcheeba, Archive ou Portishead l’ont exploité l’est tout autant.
Aujourd’hui, les forces créatrices britanniques se recentrent sur le jazz et le R&B mais les courants électroniques comme la Drum & Bass, pour ne citer que celui-ci, y tiennent toujours une place importante. Petite ballade !
Nelle Hooper / Soul II Soul « Jazzie’s Groove » (1989, Londres)
Jazzy B et son groupe marque l’année 1989. « Keep On Movin’ » et « Back To Life » sont encore chauds dans les mémoires d’une génération. Face à la déferlante new-jack et rap américaine, Soul II Soul offrait une véritable alternative, originale et qualitative. Acheter
Massive Attack « Better Things » (1994 / Bristol)
Trois ans après le choc « Unfinished Sympathy », 3D et ses potes remettaient les couverts avec cet ovni hallucinant. « Weather Storm », « Protection », « Karmacoma », « Better Things »…autant de titres inoubliables pout toute une génération. Tracey Thorn remplace Shara Nelson…Acheter
Earthling « 1st Transmission » (1995, Bristol)
Tim Saul, membre du groupe, avait participé à la conception de l’album « Dummy » des Portishead et ça s’entend. Le « trip-hop » dans ce qu’il a de plus « hip-hop« . Acheter
Tricky « Aftermath » (1995, Bristol)
Un album aussi chaotique, fascinant et insaisissable que son auteur et ce titre, typique de la ville de Bristol. Acheter
Neneh Cherry « Woman » (1996, Bristol)
Cette artiste incroyable avait co-écrit et arrangé le titre « Hymn Of The Big Wheel » sur le « Blue Lines » de Massive Attack en 1991. Cinq ans plus tard, elle revient et calme tout le monde avec ce titre sublime. Quelle section de cordes !
Archive « Headspace » (1996, Londres)
Véritable choc de l’année 1996, « Londinium », premier album des « Archives », contient pléthore de bons titres, comme celui-ci. Indémodable parce qu’hors mode. Un essai stylisé à l’extrême entre trip-hop, hip-hop, R&B et même rock. Acheter
Everything But The Girls « Single » (1996, Hull / Yorkshire)
Duo dont la chanteuse est Tracy Thorn, complice de Massive Attack sur l’album « Protection ». Voilà pourquoi la rythmique de ce titre rappelle immédiatement « Protection » et claque avec la même force et la même mélancolie. Deezer
Roni Size « Watching Windows » (1997, Bristol)
Proche des TCA, du « hip-hop graffiti » et de cette culture, Roni Size marque le courant alors baptisé « jungle » de son empreinte. Le duo « Everything But The Girls » participe à l’écriture. Un premier album majeur. Acheter
Outside « Minty » (1997, Londres)
Drum & bass, jazz, soul, hip-hop pour un album qui ne ressemble à aucun autre. Une petite merveille.
Portishead « Roads » (1998, Bristol)
Un orchestre de 35 musiciens, un DJ hip-hop, des claviers vintage et une ambiance tendue, dramatique à couper le souffle. Un très grand live. Ça, quand c’est sorti, on peut parler de choc ! Acheter
Morcheeba « Blindfold » (1998, Londres)
Deuxième album, deuxième perle dont le niveau ne sera plus jamais atteint par la suite. « Blindfold », « the sea », « Over and over », « Fear And Love », la voix de Skye et énorme succès de l’année 1998. Acheter
Smith & Mighty « I Don’t Know » (1998, Bristol)
Pionniers de la musique électronique à Bristol, « Smith and mighty » a marqué avec ce titre et son album dans la série « DJ Kicks ». Présents également, d’autres valeurs sûres de l’époque comme DJ Krust.
Propellerheads « 360? (oh yeah?) (featuring De La Soul) » (1998, Bath)
« Bath », c’est d’abord la ville de Peter Gabriel et de ses studios « Real World ». C’est aussi celle de ce duo. D’ailleurs, le batteur Alex Gifford avait travaillé chez « Realworld » avant d’oser se lancer dans le métier. Un album en 1998, resté dans toutes les mémoires des amateurs du genre. Acheter
Lemon Jelly « The Stauton Lick » (2000, Londres)
Deux spécialistes du design et de l’illustration décident de travailler leur musique après avoir collaboré avec Bjork, Primal Scream et les Spice Girls ( !). Une musique originale proche de celle du duo AIR en France mais pas seulement. Pochettes aussi originales que le contenu. Acheter
Attica Blues « Now You Know » (2002, Londres)
Trio qui débute sur le label « Mo’Wax » de James Lavelle. Après la fermeture du label, Attica Blues atterrit chez « Sony » pour un dernier et excellent album dont ce titre est tiré. Deezer
Craig Armstrong « Let It Be Love » (2002, Glasgow / Ecosse)
Il joue un rôle clef sur le « Protection » de « Massive attack », signant les arrangements, l’écriture, la direction d’orchestre et le piano. Puis il se spécialise dans les musiques de films, enregistrant de temps à autre des albums solo. Celui-ci, le deuxième, porte sur chaque note le drame du 11 septembre 2001. Sombre et magistral avec une qualité de production surréaliste. L’adjectif « génial » semble très approprié au monsieur… Acheter
Photo du « Wild Bunch » : Christophe Augros, Bristol, 1983.