Aretha Franklin est une géante de la musique soul et de la pop en générale. Plus qu’aucune autre, elle a chargé la soul avec du gospel.
Son étonnant parcours avec « Atlantic » dès la fin des années 60 laissera de nombreux hits dans l’histoire de la soul. Citons « Respect », « I Never Loved A Man », « Chain Of Fools », « Baby I Love You », « I Say A Little Prayer », « Think » ou « The House That Jack Built ». Ces succès lui vaudront également le titre de « Lady Soul », jamais contesté depuis.
Ses racines dans le gospel sont très profondes. Avec ses soeurs Carolyn et Erma, elle chante dans l’église de son père dès les années 50. En fait, elle signe ses premiers enregistrements gospel à l’âge de quatorze ans. Déjà, « Motown » s’interresse à elle. Elle ne signera jamais avec Berry Gordy. C’est avec « Columbia » qu’elle débute sa carrière grâce au renommé et talentueux John Hammond. Mais si la période « Columbia » lui rapporte ses premiers succès dans la première moitié des années 60, elle n’est pas épanouie. Sa musique semble encore loin de ses aspirations, de ses envies. Elle manque d’une vraie direction artistique. Elle est encore très typée jazz et gospel. Elle va vite changer pour la soul.
C’est le producteur Jerry Wexler qui la convainc de quitter « Columbia » pour « Atlantic ». Wexler est determiné à la diriger vers la soul. Il produit le titre « I Never Loved A Man (The Way I Love You) ». La chanson ainsi que l’album connaissent un énorme succès à leur sortie et durant les decennies suivantes. A cette période, elle enregistre essentiellement à New-York avec les « Muscle Shoals », section rythmique originaire d’Alabama. Il en résulte une alchimie rare dans l’histoire de la pop. Une base soul et une voix chargée d’émotions, de passions, intense. Sa musique lui correspond enfin et ça s’entend. La puissance de sa voix impressionne toute la profession.
Fin des années 60 : Elle est devenue une star internationale et un symbole de l’Amérique noire dans une decennie marquée par le mouvement des droits civiques. Ses scores de vente sont hallucinants. Entre 1967 et 1968, elle classe dix chansons dans les meilleures ventes. Les albums connaissent la même réussite. Elle commence à dépasser les genres. Bien sûr, sa musique est soul mais aussi gospel, blues, rock et pop. Elle enregistre quelques reprises de grands artistes de l’époque comme les Beatles, Simon & Garfunkel, Sam Cooke ou les Drifters. Elle s’impose aussi comme une excellente joueuse de piano et claviers. En 1968, elle a déjà cinq disques d’or à son actif.
Le succès continue dans les années 70. Il devient même plus grand encore. « Spanish Harlem », « Bridge Over Troubled Water », « Day Dreaming » en sont de brillants exemples. Elle produit deux albums majeurs : Le « Live At Fillmore West » et « Amazing Grace ». Ce dernier, double album de 1972, marquait un retour au gospel avec James Cleveland et une chorale gospel de Californie. Les deux oeuvres se vendront constamment pendant plus de vingt ans. Les années suivantes, « Angel » et la reprise de « Until You Come Back To Me » de Stevie Wonder seront des titres marquants de sa carrière. 1973 est l’année de sa collaboration avec Quincy Jones pour l’album « Hey Now Hey » dont le titre « Angel » fera date. 1976, elle enregistre la B.O. De « Sparkle » avec Curtis Mayfield.
A la fin des années 70, son contrat avec « Atlantic » arrive à son terme. Elle signe alors avec le surdoué Clive Davis chez « Arista ». Davis lui permet de se renouveler et de bien aborder les années 80, decennie très difficile pour la génération soul des 60’s et 70’s. Avec lui, elle enregistre « Jump To It », « Get It Right » et « Freeway Of Love », tous N°1 des ventes aux USA à leur sortie. C’est encore Davis qui a l’idée de la mettre entre les mains de la nouvelle génération de musiciens et de producteurs. Luther Vandross et Narada Michael Walden assurent son succès. Avec le bassiste Marcus Miller, Vandross lui offre des titres funk brillants aux reminiscences disco. « Get It Right » est un vrai succès commercial. Sa musique colle à son temps. Avec Narada, elle signe une musique synthètique, moderne, parfaite pour les radios et les clubs. Le « Who’s Zoomin’ Who » de 1986 en est un bel exemple. Jamais elle n’oubliera ses racines gospel. Après le succès de « I Knew You Were Waiting For Me », duo avec George Michael, elle enregistre « One Lord, One Faith, One Baptism » en 1987.
C’est à cette époque que les choses se gâtent pour la diva. Le « Through The Storm » de 1989 n’est franchement pas un succès commercial. Même chose pour le « What You See Is What You Sweat » de 1991. Difficile pour elle de s’adapter au courant « new-jack swing » et au hip-hop qui balaient tout sur leur chemin. Elle a presque trente ans de carrière. Désormais, elle est une icône, figure emblématique d’une époque, symbole d’un temps révolu. Elle enregistre des chansons pour des B.O. de films puis revient en 1998 avec « A Rose Is Still A Rose », oeuvre très marquée R&B moderne. Il en sera de même en 2003 avec « So Damn Happy ». Si les ventes sont très decevantes, sa chanson « Wonderful » est quand même gratifiée d’un « grammy ». Elle quitte alors « Arista » pour son propre label baptisé « Aretha’s Records ». Rien de marquant. On la croit même en retraite.
2011, retour vers Clive Davis qui la met entre les mains de Babyface et de Andre 3000 des Outkast. Il en résulte le « Sings The Great Diva Classics » sorti en octobre 2014. Elle y interprète des reprises de Gladys Knight, Barbra Streisand et Adele, entre autres. A ses côtés, la crème des artistes et producteurs soul / funk des trente dernières années. Sa réputation est intacte et elle apparaît encore comme l’une des plus grandes chanteuses du 20eme siècle.
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Discographie selective
I Never Loved A Man The Way I Love You (1967, Atlantic)***
Live At The Fillmore West (1971, Atlantic)***
Hey Now Hey, The Other Side Of The Sky (1973, Atlantic)***
Who’s Zoomin’ Who (1985, Arista)**
So Damn Happy (2003, Arista)**
Sings The Great Diva Classics (2014, RCA)**
Artistes du même genre ou de la même époque : Roberta Flack, Patti Labelle, Chaka Khan, Etta James, Marva Whitney, Candi Staton, Shirley Jones, Bettye Lavette, Millie Jackson, Mavis Staple, Gladys Knight.