Leon WARE

Compositeur, producteur et chanteur, Leon Ware était un homme de l’ombre qui a signé au moins une chanson connue mondialement : Le « I Want You » de Marvin Gaye, classique de la musique soul.

Tout au long de sa carrière, Leon Ware aura davantage de succès comme auteur / compositeur pour les autres que pour lui. Pendant des années, le grand public n’aura jamais connaissance de son nom, de son existence. Même en 1996, lorsqu’il revient avec le superbe titre « Sumthin’ Sumthin' » co-écrit avec et pour Maxwell, il reste dans l’ombre. Pourtant, cette chanson comme l’album sont des incontournables dans l’histoire de la musique soul.

La signature, le style de Ware prennent naissance chez « Motown », dans sa ville natale de Detroit, dans les années 1960 et 1970. Sa touche romantique mènera à de nombreux hits pour une multitude d’artistes, le premier et plus connu étant probablement Michael Jackson. Pour lui, il écrit « I Wanna Be Where You Are ». En 1967, c’est la chanson « Got To Have You Back » pour les Isley Brothers qui est N°1 des ventes. Il y aura aussi le « Just Seven Numbers (can straighten out my life) » pour les Four Tops, dans le top 10 en 1971. En 1972, son « I Wanna Be Where You Are » pour Michael Jackson est N°2 des ventes. Cette chanson sera ensuite reprise ou samplée, par Marvin Gaye et SWV notamment. Et bien sûr, 1976 sera l’année du « I Want You » de Marvin.

Average White Band, Donny Hathaway, les Jackson 5, the Miracles, Gladys Knight & the pips, Quincy Jones, Al Jarreau, Minnie Riperton…Il leur a écrit des chansons populaires à l’emprunte profonde dans la culture noire américaine. Voilà pourquoi les rappers sampleront son travail vingt ans plus tard…Le guitariste jazz Jonathan Butler, le brésilien Sergio Mendes ou la chanteuse Nancy Wilson reprendront ses chansons sur leurs albums.

Dans les années 1980, il est toujours prolifique mais ses chansons ne sont pas les plus populaires des albums sur lesquels elles figurent. Voir son « Easier Said Than Done » pour Loose ends ou ses chansons pour James Ingram.

Cette décennie est aussi celle de son parcours solo. Bien sûr, il y a eu le très disco « Inside Is Love » de 1979 et deux albums de plus dans les 70’s mais la réussite de son parcours se fait surtout dans les 80’s, sur le label « Elektra » d’abord puis ailleurs. En 1981, « Rockin’ You Eternally » sort sur ce label ainsi que l’album éponyme de 1982. Le single « Why I Came To California » aura un succès d’estime. « Elektra » est déçu par le niveau des ventes et ne renouvelle pas le contrat. En 1987, « Undercover » est commercialisé sur « Sling Shot », petit label indépendant.

A l’exception de Marvin Gaye et Michael Jackson, ses chansons se limiteront souvent au Top R&B américain. En clair, jamais de succès grand-public. Bien sûr, son « I Want You » sera repris ensuite par Robert Palmer, Madonna, Massive Attack mais sans que jamais son nom soit cité. Voilà pourquoi ses albums solo seront également limité à la population noire américaine et aux amateurs de soul dans d’autres territoires. Là encore, les rappers assureront le succès de son répertoire solo. Il est très présent dans les années 1990 grâce à eux. Le chanteur Montell Jordan reprend « I want You » dans son titre « When You Get Home », EPMD le sample dans « It’s Going Down », Ice Cube dans « What Can I Do », Prince dans « Mr Happy », les A Tribe Called Quest utilisent sa chanson « Inside My Love » dans leur « Lyrics To Go » et 2pac dans son « Me Against The World ».

Mais les années 1990 sont celles de l’arrivée de Maxwell et de son impressionnant succès en partie grâce à lui. Dans une période dominée par des albums surproduits interprétés par des artistes machos bourrés d’hormones, Leon Ware offre une musique soul acoustique pure à Maxwell, complètement à contre-courant. Coup de génie.

A la même époque, le label « Expansion » réédite ses albums en Angleterre. Il enregistre également « Taste The Love », septième album de 1995.

En 2001, « Candlelight », un album jazz enregistré avec Don Grusin sort aux Etats-Unis et en Angleterre suivi de « Love’s Drippin' » (2003), « Deeper » (2004), « A Kiss In The Sand » (2004) puis de « Moon Ride », sur Stax en 2008.

Depuis, il avait aidé les danois Quadron sur le single « Orchids For The Sun ». C’était en 2012.

Leon Ware avait traversé six décennies. Il laisse quelques classiques. Il a été une source d’inspiration pour plusieurs générations. Finalement, un homme de l’ombre un peu dans la lumière quand même. Il nous a quitté le 23 février 2017.

Discographie selective

 Leon Ware (1972, Solaris)**

 Musical Massage (1976, Motown)*** Acheter

 Inside Is Love (1979, Expansion)** Acheter

 Rockin’ You Eternally (1981, Elektra / Warner)*** Acheter

 Leon Ware (1982, Elektra / Warner)* Acheter

 Undercover (1987, Sling Shot)*

 Taste The Love (1995, Expansion)** Acheter

 Candlelight (2001, Expansion)* Acheter

 Love’s Drippin’ (2003, Kitchen)** Acheter

 Deeper (2004, Blues Interactions)**

 A Kiss In The Sand (2004, Kitchen)* Acheter

 Moon Ride (2008, Stax)*** Acheter

Auteur / Compositeur

 Got To Be There (1972, Motown)* Acheter

 Quincy Jones « Body Heat » (1974, A&M)*** Acheter

 Minnie Riperton « Adventures In Paradise » (1975, Capitol)*** Acheter

 Marvin Gaye « I Want You » (1976, Motown)*** Acheter

 Maxwell « Urban Hang Suite » (1996, Columbia)*** Acheter

 Chico Debarge (1999, Motown)* Acheter

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