Compilation business pour faire de l’argent sur le dos du maitre ? Non. Compilation qui n’apporte rien et qui ressemble aux autres ? Non. Compilation avec une pochette pourrie mais avec un bon contenu ? Oui !
En effet, lorsque j’ai reçu cette compilation, c’est d’abord la pochette detestable qui a attiré mon regard et mon attention. Ensuite, modeste comme je suis, j’ai eu cette pensée, furtive mais réelle : « sert à rien d’écouter, j’ai déjà tout ! ». Enfin, dans un réflexe de curiosité et pour la jouer intéressé, j’ai regardé le « tracklisting »…Et là, quoi ! Bien vu ! Même moi j’ai pas ça ! Modeste je vous ai dit.
Bon comment est cette compilation ? Trois cd : Un cd consacré à « 94 east », un cd consacré à des reprises de ses chansons, un troisième et dernier pour ses influences de One Way à Lakeside en passant par War et les Fatback. Que du funk ? Oui, on va vous expliquer.
Le CD 1 est donc consacré à « 94 East » et c’est bien vu. Les fans purs et durs savent que Prince était dans ce groupe avant sa carrière solo mais le grand-public l’ignore. C’est dans cette formation avec son ami d’enfance Andre Cymone, Pepe Willie et Colonel Abrahams qu’il met en place un funk ravageur, celui que l’on retrouvera sur ses premiers albums solo. Un funk pur et dur basé sur bass, guitares et claviers. Ce CD rappelle que oui, Prince c’était d’abord et avant tout du funk, un funk au son « crade » pour la rue, la sueur, les clubs branchés et peu fréquentables. N’en déplaise à ceux qui plus tard essaieront de le récupérer lui mettant l’étiquette « rock » parce qu’il n’étaient pas là à ses débuts et qu’ils ne comprenaient rien à la musique black. Rock ? My ass ! Oui, Prince s’est fait connaître avec un funk ravageur, marginale qui deviendra le funk de Minneapolis et oui son public de base était le public funk. Il ne l’oubliera jamais. Rien que pour ce petit rappel, ce CD m’a fait plaisir.
Donc, c’est électrisé que je met le CD2. Et là, c’est moi qui prend les boules. Quoi ? Mais je ne connais pas cette reprise ! Là, je vous parle du « Head » par Ice-T, belle réussite. Hein ? Mais ça sort d’où ? Là, je fais reference au terrible « Baby I’m a star » de Buddy Miles. Et c’est comme ça sur tout le CD2…Ah non ! Faudra sauter le titre 3, le « Kiss » par Art Of Noise & Tom Jones. Là, vous pouvez passer. Ah, le « 1999 » par Adeva en plage deux aussi. C’est quoi cette boucherie ? « I Wanna Be your Lover » par Loleatta Holoway ! Passez, passez je vous dis ou vous allez casser quelque chose chez vous. Pour le reste, c’est réussi et surprenant. Notamment les deux superbes titres de « Funk Deluxe », anciennement « The Family », avec Wendy & Lisa : Emouvant.
Pour le CD3, des titres funk connus par toute une génération comme le torride « Let’s Talk » de One Way ou le « Fantastic Voyage » des Lakeside ou le « (Are You Ready) Do The Bus Stop » des Fatback sur lesquels nous avons tous sué en club. Quoi ? Pas vous ? Alors écoutez vite. Mais, mais, mais que fait Grandmaster Flash et son « White Lines » ici ? Là, c’est faute grave. Grandmaster Flash influence de Prince ? NON ! Et donc erreur, grosse erreur. Je l’aime bien le grandmaster et surtout ce titre mais il n’a rien à faire là. Pour le reste, ça va. Honnête.
The Many Faces Of Prince (2016, Music Brokers)** Acheter